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MessageSujet: dossier moderne dossier moderne EmptyMar 20 Fév - 14:23
LOUIS LE NAIN, Véus dans la forge de Vulcain  , 1641, huile sur toile, 1500x1168cm, .Lenain Pin.Aー.1641., France, Reims, musée Saint-Denis

Le Nain, une seule signature pour trois peintres, trois frèes plus exactement  : Antoine, Mathieu et Louis Le Nain. Tous les trois sont les cadets d'une fratrie d'au moins cinq enfants. On situe leur naissance aux environs de 1600 et 1610. Les chercheurs ont cependant peu de traces écrites, ce qui fait de ces frères des peintres mystèieux. Cependant, un historien d'art, Jacques Thuillier (1928 - 2011) effectuera des recherches minutieuses autour de ces artistes. Nous savons à présent qu'ils sont originaires de Laon. D'après Histoire du Laon, il réussira à comprendre leur formation artistique. Ce que nous savons à présent d'après ses écrits est que les frères Le Nain se sont tournés vers le métier de peintre vers les années 1620 - 1628. Jacques Thuillier suppose alors qu'ils auraient appris les rudiments de la peinture dans leur ville natale, à Laon. D'après les écrits du chanoine Leleu, « un peintre étranger... les instruisit, et leur monstra les règles de cet art à Laon, pendant l'espace d'un an » 1 l'auteur ajouta que « de là ils passèrent à Paris où ils se perfectionnèrent ». A Paris, seul l'un des frères obtient une maitrise, Antoine ce qui permit aux deux autres de travailler dans l'atelier commun à titre de « compagnons ». A partir de 1641, les Le Nain accompagnent fréquemment leurs oeuvres d'une seule signature  : Le Nain. Jacques Thuillier suppose alors un « changement dans le type de production et le mode de vente. [...] Il est possible que vers ce moment les Le Nain se tournent davantage vers les tableaux destinées aux amateurs... »2. De par cette unique signature, il est donc difficile d'attribuer une oeuvre à un seul peintre bien que nous puissions observer différentes « manières » parfois même dans une seule oeuvre. Vénus dans la forge de Vulcain peut être l'un de ces exemple puisque cette oeuvre fut dans un premier temps attribuée à Mathieu pour qu'enfin on modifie cette attribution. A présent, on considère cette oeuvre comme appartenant à Louis Le Nain. Ce qui nous permet de nous questionner sur l'attribution, sur la « manière » de chacun de ces trois frères. Nous utiliserons donc l'oeuvre Vénus dans la forge de Vulcain comme support afin de mieux comprendre ces artistes. Pour commencer, nous effectuerons une analyse picturale puis, une analyse plastique ce qui nous permettront de définir le style de l'artiste et de ce fait comprendre l'oeuvre présentée.

L'oeuvre présentée est un sujet mythologique relatant d'une scène inspirée de l'Enéide, une épopée écrite par Virgile. On suit les aventures d'un héros, Enée, qui après la chute de Troie a pour devoir de reconstruire une nouvelle Troie. Dans sa quête, il est aidé par plusieurs divinités, dont Vénus, la déesse de l'amour et de la fertilité mais aussi sa mère. Pour l'aider dans sa quête, elle ira demander à Vulcain, son époux, le dieu du feu, de lui forger une armure complète pour permettre à son fils de combattre dans le Latium. Cependant, Vulcain n'étant pas le père d'Enée, Vénus étant infidèle à son époux, cette dernière devra recourir à ses charmes afin de le convaincre de les aider. L'oeuvre attribuée à Louis Le Nain, Vénus dans la forge de Vulcain, nous raconte donc cet épisode. On y voit au premier plan Vénus, à gauche du tableau, vêtu d'un drapé rouge, accompagnée de son fils Cupidon, reconnaissable grâce à son carquois. Face à eux, à droite du tableau, Vulcain est assis. On peut le reconnaître grâce à son attribut qu'il tient dans sa main droite, le marteau.
L'artiste a choisi de représenter Vénus, vêtue d'un simple drapé, ce dernier tombant afin de dévoiler ses charmes à son époux pour le séduire. Sa poitrine apparente nous indique sa volonté de parvenir à ses fins mais surtout, la scène suivante où les deux protagonistes s'abandonneront l'un à l'autre. La position de Vénus n'est pas sans rappeler celle dans l'oeuvre de Botticelli, La Naissance de Vénus. En effet, son bras droit, légèrement infléchi soulève son vêtement. Il est cependant positionné proche de son pubis. Son bras gauche quant à lui est replié vers sa poitrine. Cette position peut être perçue comme une citation de l'oeuvre. Paradoxalement, la position de la déesse dans ces deux tableaux exprime deux volontés opposées. Dans l'oeuvre de Botticelli il s'agit d'une position nous évoquant la pudeur, visant à cacher ses parties intimes tandis que dans l'oeuvre de Le Nain, cette position est là pour souligner ses attributs féminins, mettant en valeur sa poitrine. Vulcain, représenté assis face à sa femme a le regard guidé tel qu'elle le souhaitait ce qui accentue cette mise en valeur tout en soulignant la volonté de l'artiste dans cette représentation. Le dieu du feu est assis, le dos voûté. Vulcain est connu pour son infirmité, il boite  ; de ce fait, il est parfois représenté avec une béquille. Dans cette oeuvre, le peintre nous le présente assis, àcôté d'une enclume et tenant son marteau. Il se présente sous les traits d'un veille homme dans sa forge. Ses artisans sont au nombre de trois. Ce choix numérique pourrait être une référence aux trois Grâces de Vénus. Vulcain est aidé dans son ouvrage par des Cyclopes, des géants ne possédant qu'un oeil. Ils sont le plus souvent représentés en peinture par des hommes musclés avec deux yeux. Leur rôle est d'entretenir le foyer, comme les deux forgerons que l'on voit au troisième plan, ou manient le marteau comme le troisième au centre de la composition au second plan. Cependant, ils ne possèdent pas les particularités des cyclopes. Le Le Nain n'a pas respecté les critères classiques de représentation. Dans cette oeuvre, il a choisi d'incorporer progressivement à cette scène mythologique des éléments se rapportant au naturalisme, c'est-à-dire à incorporer à la grande peinture des scènes de genre. C'est alors que les deux artisans au troisième plan ne nous apparaissent plus comme des êtres surnaturels possédant une puissance redoutable mais plutôt comme des ouvriers contemporains à l'artiste. De ce fait, l'oeuvre peut être perçue comme une transition de l'évolution des oeuvres des Le Nain.

La composition de l’œuvre est en V, cependant, l'artiste n'a pas choisi de mettre les protagonistes du sujet au centre de cette composition mais plutôt les forgerons, elle est délimitée par la hotte du foyer, le groupe de Vénus et Cupidon ainsi que par Vulcain et son marteau. Ce choix nous conforte quant à la mise en valeur des artisans. De plus, notre regard est irrémédiablement attiré vers l'un des deux forgerons du troisième plan. En effet, ce dernier tourné de trois quart observe Vénus. Son visage est partiellement éclairé par le foyer de la forge. Des trois artisans, il est le seul à ne pas se fondre dans l’anonymat. En effet, son compagnon à ses côtés nous tourne presque le dos. Tandis que celui au second plan à la tête baissée vers son ouvrage. Il est donc le seul à se détourner de son travail pour se perdre dans la contemplation de Vénus. Nous pouvons également remarquer que la composition est pensée de telle sorte qu'il est mis en valeur, l'isolant dans une seconde construction en V. La composition générale est dense, il y a peu de vides cependant, ces derniers ont pour but de mettre l'accent sur des détails de la scène comme par exemple celui laissé entre le forgeron du troisième plan et Vénus qui accentue la distance entre la nature de ces deux individus. Ce vide est également nécessaire pour le spectateur afin de nous transmettre le sentiment de contemplation du forgeron. Sa vue n'est pas obstruée par un élément autre qui pourrait le perturber. Nous pouvons aussi observer le vide en bas de la composition, au centre du tableau. Il est «  rempli  » par l'enclume et le marteau de Vulcain ce qui nous permet de situer la scène dans une forge sans pour autant nous référer au titre. Sous Vulcain, un troisième vide est apparent, là où repose à ses pieds une armure complète. Cette dernière peut être perçue comme l'évocation d'Énée puisque la présence de Vénus est motivée par sa demande de la confection d'une armure pour son fils. Le quatrième et dernier vide de la composition se situe en haut, à droite du tableau.
Ce vide est l'un des plus important. Il s'agit du foyer de la forge qui sert au peintre de source de lumière interne. Il a pour but d'éclairer le troisième plan et donc de mettre en valeur les deux forgerons de ce plan, principalement celui qui est tourné vers Vénus en plus de donner une impression de profondeur dans le tableau. Cette source de lumière crée une atmosphère de clair-obscur caractéristique de la peinture caravagesque. L'atmosphère générale du tableau est tamisée, la scène se déroulant dans un lieu sombre, étroit ce qui peut en effet nous évoquer ce style. Une seconde lumière vient éclairer la composition. Cette fois-ci, il s'agit d'une lumière artificielle. Elle provient de la droite, à l'extérieure de la composition. Cette dernière, plus puissante que les flammes de la forge permet d'éclairer le premier et second plan. Elle met en valeur Vénus, donnant à sa peau une teinte claire, presque blanche, cette dernière étant un des critère de beauté de l'époque. Ce contraste de couleur met en valeur les attributs féminins de Vénus puisque cette dernière est la seule à avoir la peau laiteuse.
Cette lumière estompe le volume de sa poitrine. Cependant, la trace apparente du dessin sous son sein droit et son bras ainsi que la courbe du sein gauche permet de combler l'absence du volume dû à l'exposition de Vénus face à la lumière artificielle. On peut donc dire que dans son cas, c'est grâce au dessin que l'on a un effet de volume. Cependant, ce n'est pas le cas pour toutes les figures présentes dans le tableau. En effet, si on se concentre sur la représentation de Vulcain assis à droite du tableau, l'angle du faisceau lumineux n'étant pas le même que pour Vénus, il met en valeur la musculature de son bras gauche, dessinant les formes de ce dernier jusqu'à faire apparaître le détail de ses veines sur son avant-bras. Le jeu du peintre avec le clair-obscur sur la musculature de Vulcain ainsi que sur celui de son forgeron au centre de l’œuvre est un trait de particularité de la peinture naturaliste. Nous pouvons également remarquer la différence de traitement du dessin entre les forgerons, Vulcain y compris avec celui de Vénus et Cupidon. En effet, les traits de ces deux personnages sont plus précis que ceux des autres protagonistes.
Comme nous l'avons vu précédemment, on peut donc dire qu'il y a deux sources de lumière dans ce tableau. Une naturelle qui provient du troisième plan. Elle donne de la profondeur à la scène, mais isole tout de même les deux forgerons du troisième plan. Ils entretiennent le foyer bien que l'un semble distrait par la présence de la déesse. La seconde source de lumière est quant à elle artificielle. Elle provient du premier plan en haut à droite et à l'extérieur de l’œuvre. Cette dernière permet au peintre de jouer avec les volumes et le clair-obscur. Elle permet également de souligner la beauté de Vénus grâce à la couleur de sa peau, différente de celles des ouvriers et donne à la déesse un aspect divin. La lumière est positionnée de sorte à venir éclairer Venus. Si elle n'était pas présente dans la composition, on pourrait alors penser qu'il s'agit d'une scène de genre.
Les couleurs quant à elles sont chaudes. La scène se déroulant dans la forge de Vulcain, le peintre a choisi des tons bruns pour reprendre la thématique du dieu du feu. La palette est restreinte. Vénus et Cupidon se démarquent cependant du tableau grâce aux couleurs. Ils sont présentés avec des couleurs claires variant du blanc cassé au rouge. Le travail du drapé sur Vénus comporte des teintes acidulées de rouge et orange, ce qui attire l’œil du spectateur vers cette dernière. La valeur des couleurs de la peau de la mère et de son enfant est pure, c'est-à-dire qu'elle est peu mélangée, variant du blanc cassé au jaune. De par leurs couleurs contrastées avec le reste de la composition ils se démarquent, nous donnant alors l'impression qu'ils auraient pu être ajouté à la composition. En effet, le reste de la toile est composée de teintes sombres. Les forgerons, Vulcain y compris sont composés de dégradé variant du orange au brun foncé. La touche est lisse cependant, le traitement du travail du forgeron au second plan contraste avec l'ensemble de leur groupe. En effet, on peut y voir une superposition des couleurs du jaune vif au rouge sur les étincelles dû à la frappe du marteau sur le métal rougie.

Vénus dans la forge de Vulcain est une peinture signée par Le Nain et datée de 1641. Il s'agit d'une huile sur toile qui mesure 1500 centimètre de hauteur pour 1168 centimètres de largeur. Comme nous l'avons vu précédemment cette date marque un tournant dans la vie des frères Le Nain. En effet, c'est à partir de cette année qu'ils ont multiplié leurs œuvres signées. Opérant cependant sous le même nom de par le fait qu'un seul des trois frères, Antoine Le Nain possédait une maîtrise ce qui constitue aujourd'hui un mystère autour de la peinture des Le Nain. En effet, il est difficile d'attribuer une œuvres à un frère. Ce fut le cas pour l’œuvre Vénus dans la forge de Vulcain. Dans un premier temps, elle fut attribuée à Mathieu Le Nain, identifié comme le frère maîtrisant les sujets religieux3. Cependant, si on compare avec l’œuvre attribuée à Mathieu Le Nain, Le Christ chez Marthe et Marie qui est un sujet religieux mais, où les personnages sont traités en pied, comme ce fut également le cas pour l’œuvre Vénus dans la forge de Vulcain et que l'on regarde le traitement du dessin on remarque que le trait diffère. Le Christ chez Marthe et Marie n'est pas une œuvre précisément datée. Elle est estimée entre 1607 et 1677 ce qui nous laisse une large marge d'analyse bien que le traitement du dessin puisse nous sembler naïf, nous rapprochant plus d'une œuvre de jeunesse. Cependant, si on compare Vénus dans la forge de Vulcain avec une autre œuvre attribuée à Louis Le Nain comme par exemple Saint Jérôme qui a une datation estimée à l'année 1643 on constate alors la similitude avec entre Saint Jérôme et Vulcain. Leur position assise, les expressions des deux personnages mais aussi le traitement de la lumière sur leurs bras.
On rapproche souvent l’œuvre étudiée à un au tableau, La Forge. Cette œuvre est également attribuée à Louis Le Nain et traite différemment du sujet de la forge. La datation de la toile est quant à elle estimée entre 1644 et 1646. Cette œuvre est une scène de genre où l'on rentre dans l'atelier d'un forgeron entouré par sa famille. Dans ces deux compositions, on remarque des similitudes de composition. Par exemple, l'enclume qui est toujours au centre de l’œuvre. A droite, un vieil homme, assis, le dos voûté et fatigué. Le forgeron est quant à lui au centre de la composition, il se tient devant le foyer et se tourne vers le spectateur, nous fixe et nous renvoie à celui de Vénus dans la forge de Vulcain. Ces deux œuvres, attribuées au même peintre nous fait penser à l'évolution du style de ce dernier, La Forge pouvant alors être le résultat des recherches stylistiques de Louis Le Nain.
Les œuvres des frères Le Nain constituent cependant un mystère. Nous ne pouvons pas attribuer avec exactitude l'attribution des œuvres. De plus, nous pouvons remarquer des changement de style dans une seule œuvre. Le cas le plus flagrant est probablement celui du Portrait de trois hommes. Il s'agit d'une œuvre inachevée où nous pouvons constater deux styles picturaux bien distincts. En effet, les portraits des trois hommes au centre de la composition ont un coloris froid et une touche lisse. La lumière artificielle qui se situe en face des trois protagonistes au niveau du spectateur viennent marquer les visages de ces hommes pour que le peintre puisse jouer avec les détails de leur visages et la texture de leurs vêtements toujours grâce au clair-obscur tandis que le personnage de droite est travaillé avec des tons chaud, du orange au rouge. De plus on discerne une touche plus épaisse. Le travail du dessin diffère également tandis qu'une seconde lumière artificielle qui provient du haut en face de ce personnage vient le marquer au visage pour travailler le volume de sa joue.

Tous ces éléments picturaux nous amène donc à penser que malgré les similitudes des styles attribués à chacun des frères, un tableau pourrait avoir non pas un mais plusieurs auteurs, chacun ayant son domaine de prédilection mais tous les trois travaillant main dans la main. En raison du manque d'information concernant les frères Le Nain, il est difficile de dater précisément les œuvres ou d'attribuer à un seul des frère une œuvre. Comme nous avons pu le voir avec Vénus dans la forge de Vulcain, la touche lisse, le détail du dessin et le clair-obscur nous rapprochent du style attribué à Louis Le Nain, cependant, certains détails comme les étincelles du marteau sur le fer rougi où la touche est plus dense et où on remarque une superposition évidente des couches de peinture auraient pu être des indices nous indiquant que Mathieu avait participé à cette œuvre .
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